Le mas du Barret

La vie d’artiste (6) Paul Sireau : Il a rêvé d’un autre monde

Par Jacques Roux

Originaire d’un village au nom chargé d’histoire et de poésie – Saint-Georges d’Espéranche, Isère – Paul Sireau a échappé très vite aux écrans radars qui surveillent l’éducation des jeunes garçons en milieu rural. Pour lui, même s’il n’a jamais rechigné à travailler dans une des roseraies qu’on trouve dans la région, à effectuer un stage scolaire dans un garage, à s’initier à l’art culinaire et aux délices qu’un bon charcutier traiteur sait mitonner dans le secret de son officine, l’essentiel s’est toujours trouvé ailleurs. Et cet ailleurs, pour dire les choses simplement, il était en lui. Ce fut parfois difficile pour son entourage, cela put paraître quelque peu étrange au voisinage et aux compagnons de lycée, mais Paul Sireau n’avait pas trop de temps à consacrer à la parlotte, aux élans affectifs familiaux, aux virées déjantées. Il avait son chemin à tracer, il avait son sillon à creuser, il avait sans qu’il se demande pourquoi il en était ainsi, une sorte de parcours initiatique à accomplir. Né avec l’épanouissement de l’informatique et la multiplication de ses outils, c’est avec l’ordinateur qu’il avait besoin de communiquer, c’est dans les entrailles de cet appareil prodigieux qu’il avait besoin de plonger pour trouver ce qui l’animait au plus profond. D’autres sont peintres ou cinéastes, tagueurs, graffeurs… lui, crée des images numériques. Comme un magicien il avance les mains vides et sème autour de lui des images plus somptueuses les unes que les autres. Il ne « peint » pas des paysages : il les crée. On ne sait pas s’il a, comme le dit la chanson, « rêvé d’un autre monde »… mais il a su lui donner vie.

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Les « Demoiselles du Champ d’en-haut »

Par Michel Jolland

Après l’étude passionnante et fort bien documentée proposée par Jacques Roux sur les Romances de Noël, je reviens – « sans transition » selon l’expression habituelle des journalistes de télévision – à un sujet souvent évoqué dans ces pages : mon enfance au Barret dans les années 1950. La modeste propriété de mes grands-parents dépassait à peine deux hectares, répartis sur quatre sites : il y avait « la maison », « le bois », « le champ d’en-bas » et le « champ d’en-haut ». Peut-être parce que c’était le plus éloigné de l’habitation, peut-être aussi parce qu’il affichait une topographie particulière, le « Champ d’en-haut » véhiculait à mes yeux d’enfant un parfum d’exotisme et d’aventure. Il faut dire que c’est celui que je fréquentais le moins car il se prêtait peu à l’une des mes activités régulières, fort joliment décrite par cette expression usuelle du parler rural de l’époque : « aller en champ aux chèvres ». L’atout essentiel du Champ d’en-haut était d’incarner une sorte de Pays de Cocagne où, en toute saison, on trouvait des fruits, des baies, des fleurs à cueillir. Le plus souvent, il s’agissait de ressources qui s’étaient installées là, probablement pour de bonnes raisons mais sans intervention humaine directe. Je me souviens en particulier des pommes très petites produites par des arbustes non cultivés, des pommes qu’en toute bonne foi nous appelions des « Demoiselles ». Soixante-dix ans plus tard le doute s’intalle : cette appellation était-elle bien légitime ? Ne s’agissait-il pas plutôt d’une innocente fantaisie de langage, fort heureusement sans conséquence connue à ce jour sur la vie du quartier du Barret ou sur celle de la commune de Saint-Vérand !

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Éloge des romances de Noël et des bons sentiments (Partie 4) Faire front sans faire la leçon

Par Jacques Roux

La télévision a généré une forme particulière de création cinématographique, le « film télé ». Considérée comme un sous-produit, cette catégorie semble, pour ceux (ils ne sont pas rares) qui envisagent l’art comme une architecture hiérarchisée, appartenir aux tréfonds les plus vulgaires de l’expression esthétique. Or, même dans cette sous-catégorie, il existe encore la possibilité de hiérarchiser et, si l’on se fie à l’article de TéléCableSat que j’ai analysé et critiqué (voir mes contributions des 7, 20 et 27 septembre 2021) la « romance », « dégoulinante de bons sentiments », ne se comprend que comme un objet de business, une sorte d’attrape gogos. Il me semble avoir ramené à leur juste valeur les jugements de l’auteur de l’article, Cédric Melon. Mais, avant de conclure, j’aimerais encore m’attarder sur les opportunités qu’offrent ces œuvres, aussi modestes soient-elles, de découvrir de façon subreptice, sans les chichis parfois prétentieux de reportages dont l’apparente objectivité masque mal les intentions des auteurs, certains aspects de la vie américaine. Des « petits riens », comme dit la chanson, qui donnent leur couleur à des façons d’être, de se comporter, déconcertantes pour nous. La barrière de la langue n’est pas tout quand nous sommes « à l’étranger ». L’autre, l’étranger, c’est d’abord celui qui nous semble étrange. Parce qu’il n’a pas nos a priori, ni nos tics, ni ces acquis oubliés que nous nommons des « réflexes ». Ce sera l’occasion d’effectuer une fois encore une petite promenade en terre « romance », en adressant, autant de fois que nécessaire, quelques petites tapes moqueuses à celui qui nous aura poussé à entamer cette exploration charmeuse et pour le moins inattendue.

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Éloge de la romance de Noël et des bons sentiments (partie 3)

Par Jacques Roux

Je me suis attaché (les 7 et 20 septembre, dans les deux premiers volets de cette analyse) à montrer que les critiques portées par le magazine TéléCableSat (n°1599 du 26/12/2020) à l’encontre des « romances télévisées de Noël », et des romances en général étaient ineptes. Bien entendu, il ne s’agit pas de survaloriser des productions qui, comme toutes les autres, peuvent se révéler dans le détail excellentes ou de qualité médiocre. Mais les arguments simplistes et mensongers utilisés par l’auteur de l’article m’ont paru doublement méprisants. Mépris des œuvres et donc des personnes qui ont travaillé à leur réalisation et, aussi injustement mais plus maladroitement, mépris des téléspectateurs amateurs de films qui n’ont pour défaut que de mettre en avant des sentiments positifs, l’amour, l’altruisme, un engagement généreux dans la vie sociale. Faudrait-il considérer que les bons sentiments et la joie qui peut entourer une rencontre sentimentale réussie discréditent l’espèce humaine ? La question me semble-t-il exclut une réponse négative (chez les personnes de bonne volonté, il va de soi !).
Il nous reste désormais à entrer dans ce que j’ai appelé la « mécanique » de ces romances, qui ne sont pas que « de Noël », puisqu’elles investissent toutes les saisons et la plupart des circonstances de la vie sociale ou privée. Nous verrons ensemble qu’elles associent, avec dextérité le plus souvent, les figures imposées et les figures libres, comme dans le patinage, sport régulièrement mis à l’honneur par leurs scénaristes. Autrement dit, les scènes obligées (la rencontre, la déclaration, le premier baiser, par exemple), donnent lieu à des variations infinies, comme la Commedia dell’arte » en laissa autrefois le modèle, repris ensuite par tant de créateurs, notre Molière n’étant pas le moindre. Il n’y a pas à mépriser les auteurs, les metteurs en scène et les comédiens de ces téléfilms. Ils travaillent dans le registre du « divertissement populaire » certes, mais le talent se manifeste partout. Et il a d’autant plus de mérite à s’exprimer qu’il n’est généralement pas, dans ce contexte, reconnu à sa juste valeur. Il court il court le furet chantait la comptine. Il court il court, le talent. Comme le couple de « Noël en cavale » qu’une certaine « agence de renseignements » poursuit par erreur, jusqu’au pied du sapin, à travers tous les Etats-Unis. Pour notre plus grand plaisir.

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Éloge des romances de Noël et des bons sentiments (Partie 2)

Par Jacques Roux

La romance de Noël, type de téléfilms produits essentiellement aux US et au Canada, serait-elle un simple produit de marketing, une occasion de faire, à moindre frais, du « business » sur le dos de téléspectateurs pas trop exigeants, ni certainement très futés ? C’est en tout cas la thèse défendue dans un article de TeléCableSat (n°1599 du 26/12/2020) par un certain Cédric Melon. Nous avons dans notre précédente contribution observé que le « business » est partout à la télévision (et pas seulement à la télévision d’ailleurs, nous conseillons à nos lecteurs de s’intéresser aux épisodes médiatiques qui entoureront bientôt l’attribution du prix Goncourt !) et que les critiques de M. Melon visant des tournages à l’économie, avec entre autres l’emploi d’acteurs « inconnus » ou « en bout de course », sinon « has been », étaient pures stupidités. Le casting n’était pas seul à être visé dans cet article : d’une façon globale, pour M. Melon, la qualité de ces téléfilms est « discutable ». Puisque cet article, qui se contentait de jugements négatifs péremptoires, n’a pas ouvert la « discussion » qui paraissait promise, nous nous proposons de le faire à sa place. Parce qu’il y a beaucoup à dire sur ces téléfilms de « divertissement », dont les subtilités ont peut-être échappé à notre éminent critique.

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L’église de Quincivet ferait-elle perdre le nord ?

Par Michel Jolland

Nous avons récemment fait état des prospections électromagnétiques entreprises à Quincivet, ancienne seigneurie et paroisse aujourd’hui devenue un simple hameau, mais hameau au passé combien prestigieux, situé au nord-ouest de la commune de Saint-Vérand (Isère). Il s’agit, rappelons-le, de retrouver les traces de l’église du lieu, attestée dès 1204, signalée pour la dernière fois dans un acte officiel de 1802, disparue depuis sans laisser sur le terrain aucun signe visible. L’analyse des données enregistrées en janvier 2021 n’a pas encore livré tous ses secrets. Lionel Darras, ingénieur CNRS en instrumentation géophysique (UMR51-Archéorient Lyon), finalisera bientôt le rapport des recherches. Il peut être intéressant en attendant de lister les quelques indications fournies par l’analyse des documents d’archives. Des indications qui, prises au pied de la lettre, ont de quoi … désorienter !

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Éloge des téléfilms de Noël

Par Jacques Roux

La réflexion qui suit, consacrée aux « Téléfilms de Noël », qui ne tarderont pas, dès après la Toussaint, d’apparaître sur nos écrans, a été motivée par la lecture d’un article publié dans le magazine « Télé Cable Sat » n°1599 du 26/12/2020. Article consacré aux films « romantiques » (d’origine nord-américaine, USA/Canada, puisque la production française en ce domaine est indigente) diffusés sur certaines chaînes pendant la période de Noël : « Le business des fictions de Noël » (pp.10_11 du numéro concerné). L’article m’avait agacé alors, pour diverses raisons, dont cette qualification accusatrice de « business », comme si, pour l’auteur, un certain Cédric Melon, la romance sucrée était la seule à faire l’objet d’un business dans le champ télévisuel ! Or, Cédric Melon excepté, chacun sait bien que, les chaînes étant des entreprises commerciales, le public de télévision est une cible. Ses goûts font l’objet d’analyses poussées : les sondages en cours de diffusion mesurant les variations d’audience permettent d’affiner le contenu et le style des productions du même type à venir. En conséquence les variétés, les « talk-shows », les documentaires, les fictions, polars entre autres, et tout le reste, sont devenus logiquement les produits d’un « business » de plus en plus sophistiqué, quoiqu’aléatoire : on ne gagne pas à tous les coups !
Pourquoi la romance, fut-elle de Noël, serait-elle spécifiquement à clouer au pilori ?

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Michel Sima, passeur d’art, passeur d’âmes

Par Jacques Roux

Il y a 21 ans, sous l’égide de Stéphane Alaize son député maire, la ville d’Aubenas présentait une exposition rarissime : les œuvres du sculpteur et photographe Michel Sima. Né en Pologne en 1912, c’est en Ardèche où il était venu s’installer en 1967 avec sa famille, qu’il vint mourir en 1987. On devait à son fils Pierre et au photographe Jean-Luc Meyssonnier cette rétrospective éclairante : les deux composantes de sa création, sculpture et photographie, n’avaient jamais été, comme elles le furent ici, valorisées ensemble. Pierre Sima et sa mère avaient mis à disposition du public, sorties tout droit de l’atelier où elles étaient restées après la disparition de leur auteur, la plupart des dernières œuvres de Sima, créées à partir de pierres ou bois gelés. Œuvres jamais vues, qui ramenaient à la vie un homme hors du commun et son imaginaire. Quant à Jean-Luc Meyssonnier il offrait sur les cimaises quelques uns des tirages somptueux qui avaient permis depuis une vingtaine d’années d’apprécier pleinement la richesse dramatique et la beauté plastique des portraits d’artistes qui ont jalonné la vie de « Michel Sima photographe ». Picasso, Picabia, Giacometti, Chagall et autres, ont en effet croisé le regard et l’objectif de celui qui fut sans doute le plus déconcertant des compagnons, lui qui à peine sorti de son atelier s’infiltrait dans le leur et les photographiait comme aucun journaliste, aucun photographe professionnel, n’auraient pu le faire. A hauteur d’homme, à hauteur d’artiste. Sima photographe n’était jamais un intrus, mais un regard complice, la promesse d’être vu comme on aurait aimé se contempler soi-même : isolé du monde, immergé dans son œuvre. Esclave et roi tout à la fois.

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Vers un nouveau regard sur Münzenberg

Par Michel Jolland

Le 17 octobre 1940 dans les bois de Montagne, près de Chambaran, deux chasseurs trouvent un cadavre en décomposition au pied d’un arbre où se balance encore un bout de corde. Dans les vêtements du mort, la gendarmerie de Saint-Marcellin découvre des papiers au nom d’un certain Willi Münzenberg. La justice conclut au suicide et, le 20 octobre, le corps est enterré dans le cimetière de Montagne. Cet épisode, ainsi que l’énigme entourant les circonstances exactes de la disparition de Münzenberg ont souvent été évoqués, y compris dans ces pages (http://www.masdubarret.com/?p=210). Relativement oubliés pendant la guerre froide, le parcours, le rôle et l’influence politiques de Münzenberg, sont devenus, en ce début de XXIe siècle, des objets de recherche de premier plan. Parallèlement, on prend conscience en Dauphiné que le moment est venu de porter un nouveau regard sur « l’Allemand mort à Montagne » en vue de l’ancrer dans le panorama historique et mémoriel local.

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Variations autour des noyers du Barret

Les leçons de choses du « Mile »
par Michel Jolland
Nous voici de retour au hameau Barret, à Saint-Vérand (Isère) dans les années 1950. Comme c’était le cas ailleurs dans la commune, le hameau était couvert de nombreuses exploitations, que l’on jugerait aujourd’hui petites, voire très petites, mais qui, bon an mal an, suffisaient à nourrir la famille, surtout lorsque l’un de ses membres avait un emploi salarié à la fabrique de manches et brouettes du village ou dans une laiterie locale. On pratiquait un peu d’élevage et une polyculture adaptée au terroir. Chaque ferme avait ses champs, ses prés, ses vignes, ses arbres fruitiers et une ou deux parcelles de bois taillis pour le chauffage. Bien présents, les noyers étaient des arbres de bordure, alignés à intervalles plus ou moins réguliers le long des chemins ou en limite des espaces cultivés. Parfois l’un d’eux, énigmatique et solitaire, s’égarait en plein milieu d’un champ. Que ce soit pour les besoins de la famille ou pour en tirer un revenu, la récolte des noix était précieuse. La culture du noyer était l’une des grandes passions d’Émile, un voisin de mes grands-parents.

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