Michel Sima, passeur d’art, passeur d’âmes

Par Jacques Roux
Il y a 21 ans, sous l’égide de Stéphane Alaize son député maire, la ville d’Aubenas présentait une exposition rarissime : les œuvres du sculpteur et photographe Michel Sima. Né en Pologne en 1912, c’est en Ardèche où il était venu s’installer en 1967 avec sa famille, qu’il vint mourir en 1987. On devait à son fils Pierre et au photographe Jean-Luc Meyssonnier cette rétrospective éclairante : les deux composantes de sa création, sculpture et photographie, n’avaient jamais été, comme elles le furent ici, valorisées ensemble. Pierre Sima et sa mère avaient mis à disposition du public, sorties tout droit de l’atelier où elles étaient restées après la disparition de leur auteur, la plupart des dernières œuvres de Sima, créées à partir de pierres ou bois gelés. Œuvres jamais vues, qui ramenaient à la vie un homme hors du commun et son imaginaire. Quant à Jean-Luc Meyssonnier il offrait sur les cimaises quelques uns des tirages somptueux qui avaient permis depuis une vingtaine d’années d’apprécier pleinement la richesse dramatique et la beauté plastique des portraits d’artistes qui ont jalonné la vie de « Michel Sima photographe ». Picasso, Picabia, Giacometti, Chagall et autres, ont en effet croisé le regard et l’objectif de celui qui fut sans doute le plus déconcertant des compagnons, lui qui à peine sorti de son atelier s’infiltrait dans le leur et les photographiait comme aucun journaliste, aucun photographe professionnel, n’auraient pu le faire. A hauteur d’homme, à hauteur d’artiste. Sima photographe n’était jamais un intrus, mais un regard complice, la promesse d’être vu comme on aurait aimé se contempler soi-même : isolé du monde, immergé dans son œuvre. Esclave et roi tout à la fois.
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