Le mas du Barret

Un lecteur nous écrit à propos du « jardin du Barret »

Par Michel Jolland

Un lecteur – qui souhaite rester anonyme – nous adresse un courrier sympathique dans lequel, après avoir témoigné de son intérêt pour les publications du Mas, il donne son point de vue sur  l’article relatif au jardin du Barret, mis en ligne le 6 février. Voici un premier extrait : « J’apprécie fortement des articles tels que celui consacré à votre jardin du Barret. Ils tranchent sur ce qu’on nous donne à lire un peu partout parce que vous y mêlez l’information, des apports à mon sens non négligeables pour l’histoire et la sociologie sur les façons de vivre en milieu rural au milieu du XXème siècle, et le récit vécu, souvent drôle et toujours émouvant. On voit bien ici le lien direct avec les personnes réelles : un témoignage sincère, à la fois premier degré et repensé, mis en perspective. C’est d’ailleurs une des richesses de votre site, très différent de ce qu’on trouve à l’ordinaire sur Internet, sa tranquille assurance dans le mélange des genres, les articles de fond historiques (comme ceux sur Münzenberg) ou esthétiques (comme ceux consacrés à Fantin-Latour) à ce qui se présente comme des pochades, parfois en langue patoisante, mais qui rend compte avec justesse d’une vie villageoise en voie de disparition (…) ».

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Au Barret, le jardin de mon enfance

Par Michel Jolland

Dans les années 1950, à Saint-Vérand comme dans toutes les communes rurales de France, la pratique du jardinage domestique était très répandue. Chaque ferme, petite ou grande, possédait son jardin potager et les familles du village qui tiraient leurs revenus du travail en usine, en laiterie, en atelier, à la poste ou dans les chemins de fer disposaient d’un lopin de terre soigneusement cultivé. Le curé et l’instituteur eux-mêmes avaient leur propre jardin. Celui de mes grands-parents, au hameau du Barret, jouxtait ce que l’on appelait localement la « route de Rossat », en réalité un simple chemin au demeurant assez fréquenté car il reliait une partie de la commune à Saint-Marcellin, la ville voisine. Ce détail, on le verra, avait son importance.

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Le village éclaté – Entre mémoire et rêverie

Par Jacques Roux

Lorsque la mémoire vous joue des tours… la poésie n’est jamais loin. Oh, je n’entends pas remettre en cause l’efficacité de cet outil prodigieux, si utile dans la vie courante et bien entendu dans le développement du savoir, mon propos est ailleurs, dans cet entre-deux que nous abritons où se mêlent ce que nous savons et ce que nous croyons savoir, les souvenirs et le réel qu’ils prétendent avoir conservés. Il y a peu sur notre site des étudiantes rendaient compte de travaux expérimentaux mesurant les variations de nos capacités mémorielles en fonction de certains paramètres, le temps faisant partie de ceux-ci. Nous le savons bien, et d’autant plus que nous avançons en âge, le temps efface. C’est vrai. Et c’est faux. Si j’osais, nos étudiantes me pardonneront cette approche sans doute à leurs yeux bien fantaisiste, je dirais qu’elle déplace, masquant à l’occasion, redécouvrant parfois, parfois mêlant des items étrangers l’un à l’autre. Il ne faut jamais désespérer de sa mémoire, elle nous réserve de jolies surprises et se révèle, ce que bien sûr la « science » peinera à mesurer, proche de notre aptitude à rêver, à imaginer, à mentir pourquoi pas : les romanciers ne sont-ils pas des menteurs professionnels ? Ces quelques idées se sont imposées à moi lorsque, contraint par les impératifs d’un déménagement, il m’a fallu trier mes dossiers, ranger mes images, tous ces cahiers remplis de mots, de photographies, qui témoignent d’une vie depuis longtemps rayée des cadres. Cette vie rayée des cadres, une partie s’en est déroulée à Saint-Vérand. Quelques photographies m’aideront à partager avec nos lecteurs une de mes promenades rêveuses en ce lieu par ailleurs bien réel, qui poursuit sa vie à lui, avec ses habitants et son décor changeant. Il ne s’agira donc pas du « vrai » Saint-Vérand (il n’y a d’ailleurs pas de « vrai » Saint-Vérand au singulier, même en cet instant chacun de ses habitants s’en fait son idée propre) mais de quelques bribes de mes Saint-Vérand perdus.

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Et voici comment la cueillette des pommes par le gang des mamies en déambulateur a tourné au fiasco…

Par Christian Pevet

Il y a quelque temps, il m’en est arrivé une !… Pas piquée des vers (de la pomme…) : une de ces situations que tu as du mal à croire qu’il s’agit bien de la vérité, oui, oui, je ne suis pas un menteur !!
Je vais vous raconter ça, en patois bien sûr, mais le texte en français suivra…
[Y’a kôke tin, m’in ét’ arrivâ ina !… Pâ pikâ de belô (de la pômmeu…) : ina ke t’a de ma a krèr k’é byin la véritâ, oua, oua, sieu pâ in blayon ! !
M’in voué vo rakontâ tyin, in patoué bin seu, a peu in Français…]

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La mémoire en question : compte rendu d’expériences

Par : Coudreau–Reymond Malia, Dumas Margot, Duquy-Nicoud Elisa

Les lecteurs du Mas du Barret savent que ses curiosités sont multiples. D’une certaine façon, avec le temps, il faut bien admettre qu’au-delà de sa dénomination, qui vaut acte de naissance et hommage (Le Mas du Barret de Saint-Vérand entrera ainsi dans l’Histoire !), toute sa philosophie se trouve dans son sous-titre « Mémoire et prospective ». Inutile de chercher plus loin la diversité quelque peu impertinente des sujets abordés, certains d’un sérieux à faire frémir, d’autres aussi légers qu’un souffle ou un sourire, tous nourris de souvenirs, tous teintés du même espoir : apporter quelque chose qui enrichisse notre présent et nous accompagne dans notre devenir. Plus on sait, et mieux l’on sait, plus fort on est. Il se trouve que trois étudiantes travaillant sur « la mémoire » ont pensé que cette thématique pourrait trouver place sur notre site. Parmi elles, Elisa, une collaboratrice occasionnelle qui a déjà fourni au Mas plusieurs dessins appréciés. Leur contribution commune, pour différente qu’elle soit de nos précédentes publications, relève pourtant de la même logique : donner à connaître, donner à comprendre, divertir.

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Lo patrimoèn

Par Christian Pevet

Christian Pevet, un habitué du Mas, nous fait l’amitié de nous adresser un nouveau courrier. En patois bien sûr ! « Lo Kristian », on s’en souvient, est un brillant défenseur de ce parler local qu’il s’attache, avec d’autres passionnés, à faire revivre. A l’origine, il voulait simplement ajouter une touche au portrait du Félicien, le cantonnier de Saint-Vérand (Isère) qui partage la vedette avec Roger Burlet dans notre article du 15 septembre dernier. Mais son talent de conteur patoisant l’a, pour notre plus grand plaisir, amené à rédiger une chronique sans prétention, mais non sans malice, autour du patrimoine.

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Ils ont des yeux et ils ne voient pas

Par Maxime Nallé

Dans le droit fil des thématiques abordées par l’association pendant sa première période (on dira pour faire court « ère Jolland ») Saint-Vérand Hier et Aujourd’hui avait invité à l’occasion des Journées du patrimoine 2023 Jacques Roux, créateur de SVHA avec le susdit Jolland et co-auteur avec lui d’un certain nombre de recherches et d’écrits, dont trois consacrés aux cinq tableaux présents dans le chœur de l’église du village. C’est justement pour parler de ces tableaux que Jacques Ducros (président en titre) avait pris l’initiative de solliciter la présence de cet ancien Saint-Vérannais dont il connaît le goût pour l’art et dont il sait qu’il n’a jamais cessé de travailler sur ces cinq toiles ni de militer pour leur reconnaissance officielle. Voir à ce sujet, sur le Mas du Barret : « La longue marche des tableaux de St-Vérand vers une reconnaissance officielle et publique » (https://www.masdubarret.com/?p=3516). Faute de la présence d’un journaliste localier (absence aussi notable et regrettable que celle de tout représentant de la Municipalité de la Commune), ma plume cherche à tirer les leçons de ce moment qui, pour bref qu’il fut, ne manqua ni d’émotion, ni d’occasions d’inciter les présents à la réflexion et à l’enrichissement de leurs connaissances.

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A Rossat, des arbres volent en éclats

Par Michel Jolland

Avec cette histoire d’arbres éclatés « façon puzzle » nous nous retrouvons, comme souvent dans ces colonnes, à Saint-Vérand au début des années 1960. Enfant du pays, Roger Burlet était alors artificier dans une prestigieuse maison de la région avignonaise. Au village, où il revenait régulièrement, tout le monde l’appréciait. On ne manquait jamais une occasion d’évoquer, avec une petite pointe de fierté, deux de ses réalisations pyrotechniques inscrites dans les mémoires : l’explosion intempestive des mortiers en plein tirage des « boîtes » de la vogue 1947 et les pétards assourdissants de la procession à Notre-Dame des Champs en 1954. Roger d’ailleurs n’était pas le dernier à raconter des anecdotes drôles et attendrissantes, le plus souvent fondées sur l’autodérision et empreintes d’une sorte de nostalgie joyeuse des années d’après-guerre. Il n’hésitait jamais à entamer une conversation amicale pour partager ses souvenirs. Peu avant sa mort, survenue en 2018, il rassembla sur une dizaine de pages dactylographiées quelques récits de parties de chasse ou de pêche, d’expéditions aux champignons et d’aventures diverses dans lesquelles, bien sûr, le maniement téméraire d’explosifs figurait en bonne place. Il me confia le tout en précisant « J’ai écrit ça pour moi. C’est très court et très simple. Je te le donne et tu verras ce que tu peux en faire. » Eh bien, cher Roger, je me fais aujourd’hui un plaisir d’en restituer une partie sous forme d’article sur le Mas.

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Fantin-Latour au pilori

Par Jacques Roux

J’ai précédemment (15 juillet 2023) rendu compte de l’interprétation fantaisiste d’un tableau de Fantin-Latour par une intellectuelle américaine invitée par les organisateurs de l’exposition « A fleur de peau » (2016/2017). Il se trouve que ces organisateurs se révèlent eux-mêmes, dans leurs propos et publications, d’une légèreté telle qu’on en est en droit de suspecter tant leur honnêteté que leur légitimité dans le champ de l’art. Nous en voulons pour preuve la façon désinvolte, méprisante pour le public autant qu’à l’égard du peintre, dont ils ont rendu compte de la nature et du nombre des photographies constituant les archives confiées par sa veuve, Victoria Dubourg, au Musée de Grenoble. Détail qui a son importance puisque la thématique de l’exposition reposait niaisement et vicieusement sur les photos de nu retrouvées dans ces archives et isolées de leur contexte. Comme si le peintre s’était complu à « collectionner » (je cite) des clichés de femmes nues. Comme si, dans les archives léguées par sa veuve, il n’y avait pas d’autres photographies, en plus grand nombre, représentant des œuvres d’art. La présence de ces reproductions d’œuvres d’art change en effet le statut du dossier « Photos de nu ». De « collection » marginale il redevient partie d’un ensemble : l’outillage iconographique du peintre. L’exposition « A fleur de peau » repose sur ce qu’en d’autres lieux on nommerait une « arnaque ». Elle prend ici, portés par des Conservatrices oublieuses des exigences de leur profession, les habits d’une pudeur offensée et qui, tout en se voilant la face, exposent en plein jour les vilaines photos des vilaines dames nues dont le peintre le plus austère de notre histoire se serait repu en secret. Suivez le guide.

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L’art de trahir une œuvre d’art – Prétention et naïveté, Bridget Alsdorf réinvente Fantin-Latour

Par Jacques Roux

Je rabâche, j’en suis conscient, pourtant je ne cesserai de le répéter : avant de penser quoi que ce soit et, a fortiori, dire quoi que ce soit, d’une œuvre d’art il faut prendre le temps de s’approcher au plus près de ce qu’elle offre à nos sens. Lire, contempler, écouter. C’est-à-dire faire le vide en soi pour ne laisser place qu’à cet objet qui nous vient du dehors et qui, même s’il porte un titre prestigieux, s’il fait ou a fait l’objet de mille commentaires, même si d’autres en rient ou nous chantent ses louanges, plonger en lui, curieux, attentif, aux aguets même : toute œuvre demande du temps pour s’ouvrir à nous. Il en est ainsi de nos rapports avec les hommes : comprendre l’autre, sa différence, demande du temps, de la patience.
Face à l’œuvre d’art les premières questions doivent être naïves : qu’est-ce que je perçois, concrètement parlant ? On peut ensuite, même si tout vient dans le même flux, se demander : qu’est-ce que je ressens ? Et tirer cela au clair, les sensations, les sentiments sont plus confus, plus complexes qu’on ne le croit. La question jamais urgente et non nécessaire (sauf pour qui intervient dans le champ médiatique. Mais alors il ne s’agit plus de penser, juste de se conformer au moule prédéfini par le contexte) ce sera : que faut-il en penser ?
Cet impératif : s’imprégner de l’œuvre d’abord, avant d’en arriver à songer émettre un jugement, est de sagesse et devrait s’imposer naturellement. Mais la nature humaine est ainsi faite que la bile, comme disaient les médecins de Molière, prend facilement le pas sur la raison. La bile de Mme Bridget Alsdorf, quand elle publia un essai sur « Coin de table » de Fantin-Latour (in le catalogue de l’exposition « Fantin-Latour A fleur de peau » – RMN 2016) devait être sérieusement agitée car ce malheureux tableau sur qui, avant même de le contempler, elle avait un « point de vue », elle n’aura de cesse dans les huit pages de son pensum d’en proposer une lecture conforme à ses présupposés. Une lecture forcément déconcertante et parfois franchement ridicule. Je vais m’employer à rendre à César, Henri Fantin-Latour en l’occurrence, ce qui lui est dû et restituer à Mme Bridget Alsdorf ce qui ne relève que d’elle.

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