Le mas du Barret

L’exhumation du corps de Willi Münzenberg : un devoir historique

Michel Jolland

Nombreux sont les lecteurs du Mas qui, au vu de l’intitulé de ces pages, vont se demander ce que l’on peut bien encore dire sur Münzenberg. Douze articles (si j’ai bien compté) lui ont déjà été consacrés sur ce site, ce qui à coup sûr en fait l’une des personnalités les plus souvent mises en avant. Mais ce n’est rien comparé au reste : le personnage a inspiré cinq biographies (une en allemand, une en français, trois en anglais), des milliers d’articles, plusieurs colloques dont un en 2015 à Berlin avec les meilleurs spécialistes internationaux de la recherche historique contemporaine, sans parler des informations, commentaires et avis véhiculés par les films, conférences, podcasts et autres moyens de communication. Aujourd’hui néanmoins se fait jour une nouvelle exigence, qui vise moins le personnage, ses convictions et ses agissements, que les circonstances concrètes de sa mort. Cette question, qui occupe le Mas depuis bientôt dix ans (la première analyse date du 20 novembre 2015), s’inscrit aujourd’hui dans un contexte renouvelé. Le moment est venu en effet de s’interroger sur l’opportunité et la faisabilité d’une exhumation.

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LA CULTURE DU PAUVRE (Volet 2) – Qu’est-ce que l’art , La question qui fâche

Jacques Roux

Le mot « culture » est l’un des plus complexes de notre langue. Il est chargé de condenser et transmettre des concepts distincts mais imbriqués l’un dans l’autre. Si l’on pose le concept de « culture » au sens de civilisation, on comprend bien que la « culture » – au sens de maîtrise individuelle de savoirs, capacité à les intégrer dans une pensée et une pratique personnelles associant de façon non mécanique mais vécue, affective, les apports des arts – présuppose, sans s’y réduire, ce premier concept. « L’honnête homme », version XVIIème siècle de la formule « personne cultivée », ne l’est qu’au regard d’une civilisation prédéfinie. Je n’approfondirai pas cette thématique, laquelle donne lieu à des développements infinis, souvent éclairants (on y apprendrait par exemple beaucoup sur le goût et la valorisation actuels du tatouage, pratique issue d’autres « cultures/civilisations » et renvoyant il y a peu de temps encore, dans la nôtre, à des marginalités plus ou moins méprisées), mais parfois absconse (les bacheliers se souviennent peut-être de leur cours de philo sur la « nature naturante » et la « nature naturée », laquelle, la naturée », doit être conçue comme une interprétation « culturelle » à double niveau : l’approche « humaine » obligée et les lectures multiples des divers groupes humains). Nous éviterons donc ces détours, mais le livre qui inspirait la chronique du 29 mai, et inspire celle-ci, « La culture du pauvre » de Hoggart, repose bien sur la complexe signification du mot « culture ». Et si, dans ma première contribution j’ai surtout évoqué des situations et des attitudes relevant de la « civilisation » (le « pauvre » vu dans un contexte social spécifique, et sa culture observée sous l’angle comportemental), aujourd’hui je m’intéresserai surtout à des composantes renvoyant au monde des arts. Quel environnement artistique pour ce « pauvre » ? Lequel, il va de soi, vit dans un milieu lui aussi « culturellement » (offres artistiques) pauvre : pas de « Théâtre de l’Odéon », de « Centre Pompidou », ni de « Palais du Festival » dans son quartier. Il s’avère qu’à bien y réfléchir, tout du moins dans notre « culture » (notre civilisation), toute culture individuelle s’insère dans une hiérarchie artificielle où elle court le risque d’être jugée comme bien « pauvre ». Dans notre société la musique n’adoucit pas les mœurs ; l’art, c’est souvent une arme de guerre.

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LA CULTURE DU PAUVRE

Jacques Roux

En 1970 parut un livre écrit par un intellectuel britannique, Richard Hoggart, intitulé « La culture du pauvre ». J’appris plus tard que ce titre (le titre français) n’était pas celui d’origine, de style plus universitaire, il n’en était pas moins plus fidèle au contenu de l’ouvrage. Le premier était manifestement destiné au public cible, sociologues, spécialistes des études sur les milieux sociaux et sur leurs us, ce que depuis Bourdieu on désigne par « l’habitus ». Mais la formulation « culture du pauvre » eut la capacité d’attirer l’œil, et la curiosité, d’un public plus vaste : j’en ai fait partie. Ce public, je le décrirais volontiers comme constitué de personnes ayant accédé à un niveau d’études dites « supérieures », c’est-à-dire au-delà du bac (avec ou sans diplômes à la clef) bien qu’issues des classes sociales les plus démunies. Des déclassés dirait un humoriste, les sociologues préfèrent parler « d’acculturation ». A savoir : le passage des conditions de vie, avec ses manières d’être, de penser, de parler, de juger, d’un milieu social à un autre. Cet autre nourri de la « culture » dont se gargarisent ses ressortissants, intégrant la maîtrise, plus ou moins avérée d’ailleurs, des registres les plus abstraits du savoir humain et les plus dignes du « divertissement » : littérature, musique, arts plastiques, théâtre, danse, cinéma… Le fait est que plus de 50 ans plus tard ce livre reste une référence et continue, en ce qui me concerne, d’habiter mon univers de pensée. Quelques expériences et réflexions récentes m’ont conduit à revenir à lui et à l’évoquer ici, non pour décortiquer savamment son discours et ses apports, mais pour décrire quelles grilles de lecture de mon passé il m’avait offertes. Une manière d’offrir à l’ouvrage de Richard Hoggart un témoignage complémentaire et de relayer son éclairant propos.

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Relire Hôtel Lux d’Arkadi Vaksberg : la thèse de la « machine stalinienne » à l’oeuvre contre Willi Münzenberg

Michel Jolland

La relecture d’Hôtel Lux (1), ouvrage du journaliste et écrivain russe Arkadi Vaksberg (1927–2011), s’impose à quiconque s’intéresse à l’histoire du communisme et aux mécanismes répressifs du stalinisme. Dans cette étude, Vaksberg met en lumière, à partir de documents extraits des archives secrètes soviétiques, le fonctionnement interne de la machine de terreur orchestrée par Staline. Son expérience de la vie quotidienne en URSS, son acharnement à dénoncer certaines dérives criminelles et sa plume engagée confèrent à son analyse une portée singulière. Vaksberg ne regarde pas le système soviétique comme une entité extérieure, mais comme une partie de lui-même, de son histoire familiale, politique, intellectuelle. Et pour nous la relecture d’Hôtel Lux s’impose d’autant plus que, parmi les affaires décortiquées au fil de l’ouvrage, figure le cas Willi Münzenberg, personnalité bien connue au Mas du Barret. Le récit, riche en informations inédites enfouies dans les coffres-forts du Komintern, concerne notamment le drame du bois du Caugnet à Montagne en 1940. Au-delà, le livre montre que Münzenberg ne se réduit pas à la vision occidentale d’une personnalité qui pèse sur la scène politique internationale de l’entre-deux guerres grâce à ses talents et ses engagements. Sous l’ère stalinienne, explique Arkadi Vaksberg, un communiste disposant comme lui de fonctions et de pouvoirs importants était inéluctablement voué à un destin tragique.

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Les vies posthumes du Petit Musée du Bizarre de Lavilledieu (07) et de son créateur : Candide

Jacques Roux

A la date du 16 septembre de l’an dernier je publiais un article consacré à la disparition, dans les faits et dans les mémoires, du Petit Musée du Bizarre de Lavilledieu (07). Création d’un de ces aventuriers de la culture qui, sans les trémolos de voix, les demandes de subventions, les défilés dans les rues, ouvrent des portes nouvelles à nos sens, notre imaginaire et nous enrichissent durablement. Je parle de Candide, né Serge Tekielski. Or cet article n’a pas satisfait que mon désir de rendre hommage à une des personnalités les plus importantes que cette petite région ardéchoise ait connue, il a suscité quelques réactions et m’a donné à comprendre que Candide n’avait pas fini de cultiver nos jardins (clin d’œil).

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Autour de nous (2) – Je ou nous : affaire de convention ou de conviction ?

Michel Jolland

Dans son récent article, Jacques Roux, interpellé sur le sujet par un lecteur du Mas, donne son sentiment sur la question des emplois stylistiques de « nous » en lieu et place de « je ». Il se demande notamment si ce choix relève d’une simple affaire de convention ou s’il ne serait pas plutôt révélateur de la personnalité de l’auteur. Et il m’invite à ajouter mon « grain de sel ». La mission est délicate car dans son approche très personnelle l’ami Roux n’en développe pas moins un argumentaire qui vise juste et balaie largement le terrain. Ajouter quoi que ce soit exposerait au risque de paraphraser ou, pire, de mal redire ce qu’il a formulé clairement. Je vais donc changer de registre et construire ma contribution à partir d’éléments glanés au fil du temps dans divers sources documentaires. Depuis plusieurs années en effet, l’interrogation sur l’emploi du « nous » ou du « je », souvent liée d’ailleurs à la problématique du statut des connaissances produites par des chercheurs ne disposant ni des qualifications universitaires ni des fonctions institutionnelles appropriées, occupe sporadiquement l’équipe du Mas du Barret.

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Entre question de style et interrogation sur soi – Que disent le Je et le Nous employés par un auteur ?

Jacques Roux

Un courrier à moi adressé s’étonne de me voir employer le « Je » dans des débats qui relèvent de la réflexion, de la recherche, et mériteraient de ma part une autre forme de revendication : le « Nous » que mon interlocuteur nomme « de modestie ». Au Mas du Barret, ce type de débat constitue le pain quotidien de nos relations à Michel Jolland et moi-même. Et si le site existe, c’est aussi pour partager, non seulement nos coups de cœur, nos emportements et nos trouvailles, mais aussi nos questionnements. Après avoir sollicité son consentement, je publie donc le courrier de mon correspondant et ma réponse. Mon petit doigt (à Saint-Vérand le petit doigt supplée sans contestation possible – et avantageusement – tous les « réseaux » dits « sociaux ») me donne à penser que Michel Jolland ne tardera pas à ajouter son grain de sel.

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La chansonnette – Qu’est devenue depuis la… chanson si jolie ?

Jacques Roux

Les plus âgés d’entre nous, et les moins snobs, se souviendront en lisant l’amorce de mon titre d’une chanson mélancolique de Charles Trénet qui se demandait ce qu’était devenue « depuis les années 16/ la Madelon jolie… ». Il y distillait, avec son sourire et sa plume légère, un constat déjà terrible en son temps (la fin des années 50) l’oubli non seulement de cette complainte mais aussi des circonstances qui en avaient suscité l’écriture : la « grande guerre », et tout ce qui donnait sa couleur au temps d’alors. Que dirait-il aujourd’hui ? La plupart de nos contemporains pensent que l’histoire humaine débute avec le Smartphone et celle de la musique avec You Tube.

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Le Messager est arrivé à Valence

Michel Jolland
Après avoir ouvert ses pages aux récits conjoints de l’inauguration du Parcours Willi Münzenberg et du lancement d’un Lieu de Mémoire franco-allemand, le 12 octobre 2024 à Montagne – ce qui au passage lui a valu s’être consulté dans plusieurs pays d’Europe et même aux États-Unis -, le Mas du Barret fait une halte à Valence. Il se trouve que, pour les besoins d’un article, j’ai reçu une série de photographies du Messager, sculpture monumentale récemment installée dans le centre historique de la ville. Tout comme l’objet qu’elles représentent ce sont des œuvres d’art que j’ai souhaité partager avec vous, amis lecteurs.

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