Bonnard

Par Jacques Roux
Parmi les artistes les plus réputés de notre temps il en est un que la rapacité médiatique a jusqu’ici épargné. Sans doute parce qu’il n’a pas l’aura d’un Picasso, par exemple, mais surtout me semble-t-il parce que son œuvre – appréciée pourtant dans le monde entier, il suffit de recenser les musées qui possèdent quelques unes de ses toiles – se refuse à toute approche superficielle, à toute manipulation « spectaculaire ». Cette difficulté explique la lecture passe-partout de son travail proposée récemment par le Musée de Grenoble : « Les couleurs de la lumière ». De fait, comment parler de peinture sans s’interroger sur ces deux données constitutives de sa spécificité : la lumière, la couleur ? Si le titre d’une exposition a pour mission de cibler et définir au plus près la production d’un créateur, il faut reconnaître qu’ici on a fait profil bas (il y a eu pire, qu’on se souvienne du sinistre et ridicule « A fleur de peau » pour Fantin-Latour !) : même si l’on ne pense qu’aux Impressionnistes, ils seraient tant à se trouver visés par cette formule. Mais qu’importe ! Le plus important est que la très réputée institution grenobloise ait rendu hommage à ce grand peintre. Lequel, ils ne sont pas si nombreux, a laissé sa trace dans le département isérois puisque lié par ses origines à la commune du Grand-Lemps, où il est venu souvent et où ont été prises quelques unes des plus émouvantes et troublantes photographies de sa compagne et modèle (dite : Marthe). Et de lui-même. Pour le Mas du Barret, cette proximité serait un motif suffisant pour glisser dans ses pages quelques mots sur Pierre Bonnard. Mais il s’y ajoute le désir d’évoquer, sans entrer dans le détail et sans autre prétention que le souci de partager, le plaisir que l’on peut prendre à contempler une œuvre que « les couleurs de la lumière » ne suffisent pas à définir.
POUR EN SAVOIR PLUS CLIQUER SUR L’IMAGE