Par Jacques Roux
Il y a quelques mois (juin/juillet 2020) nous proposions à la lecture ce qu’entre nous, Michel Jolland et moi-même, nous nommions des « images qui nous parlent ». Des lieux, des objets qui avaient accompagné notre enfance. Le Mas du Barret est fils de Saint-Vérand (Isère) et il ne renie pas sa filiation : s’il ne se sent nullement prisonnier de cette référence, il suffit de nous lire régulièrement pour s’en convaincre, il aime y revenir, comme on rentre à la maison, histoire de fureter un peu et dénicher, dieu sait, une merveille oubliée à remettre dans la lumière. Si je n’aime guère la formule du chanteur d’Antraygues « nul ne guérit de son enfance », parce qu’elle ferait, si on la prenait au pied de la lettre, de l’enfance une maladie, je crois sincèrement que nous ne cessons de nourrir nos vies, et donc chacun de nos âges, des paradis et des enfers de cette période initiale, que le temps semble avoir effacée à jamais. Parce qu’elle n’est pas effacée, elle est mise en réserve et cachée, comme tous nos organes vitaux, au plus profond de nos chairs et sans que nous puissions en prendre conscience elle nous anime et nous tient debout. Il était donc temps, en cette période de Toussaint, propice aux souvenirs, de revisiter le lointain village qui squatte notre mémoire. En s’intéressant non aux paysages, aux sites, aux vieilles choses, mais aux visages. Que nos regards saisirent dans leur vie d’alors, depuis longtemps en allée. Je pense ici, maintenant, à cet oiseau sauvage qui transita sans qu’on sache ni comment ni pourquoi, par le Saint-Vérand des années 50. Nous l’appelions Biscuit. Il s’agit bien sûr d’un personnage de légende, chacun sait que le réel n’existe pas. Dans la mémoire.
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