Le mas du Barret

Archives par auteur: Mas du Barret

Chemins de traverse – Le Chemin de Croix peint de l’église de Saint-Vérand 38

Par Jacques Roux

Si la notion de patrimoine s’est imposée sans trop de difficultés ces dernières années, c’est tout à la fois parce qu’elle répond à un désir partagé par beaucoup, celui de préserver des éléments du passé qui paraissent essentiels, et qu’elle le fait en faisant plus appel à nos sens, la vue en particulier, et à notre affectivité qu’aux exigences de rationalité de la science historique. D’une certaine façon, quand on s’occupe de patrimoine, l’histoire se met au service de la passion et n’intervient (comme toutes les autres sciences susceptibles d’apporter leur concours) qu’en second, à titre de complément, ou de justification.
Encore faut-il que « quelque chose » soit à mettre sous la dent de l’amateur de patrimoine. Les grandes cités, comme Paris, les lieux marqués par l’Histoire (Waterloo, le Vercors, par exemple) ont toujours une matière digne d’éveiller la curiosité, l’intérêt et le souci de préserver. Ailleurs, dans un petit village comme Saint-Vérand, 38, il n’y a pas de patrimoine constitué, donné a priori, pas de tour Eiffel, de ruines rappelant des événements majeurs. Il faut alors prendre son cahier d’écolier, son crayon et faire surgir de l’ignorance et/ou de l’indifférence dans lesquelles ils dorment ces « Objets » qui sont appelés à devenir le « patrimoine », la richesse, du lieu.
D’où le souci de revenir sans cesse sur ces matériaux négligés depuis longtemps et que le Mas du Barret considère comme de purs joyaux : les cinq tableaux qui ornent l’église du village depuis plus d’un siècle, la sculpture créée par Duilio Donzelli, les photographies prises pendant cinquante ans par Noël Caillat. Entre autres. Aujourd’hui nous retournerons à l’église (seul espace public de ce petit village, dépourvu de tout lieu culturel digne de ce nom, riche d’objets « d’art ») pour jeter un œil au Chemin de Croix qui y est hébergé. Lui aussi, comme les grands tableaux, date de la seconde moitié du XIXème siècle, et lui aussi, il a été « vu » sans être contemplé, des décennies durant, par des générations de fidèles qui ont fréquenté ce lieu de culte aujourd’hui quasi abandonné.

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Entre deux clichés – Noël Caillat, notes et anecdotes

par Michel Jolland

Noël Caillat n’est pas un inconnu pour les lecteurs du Mas du Barret. Ses talents de photographe y ont été signalés le 19 septembre 2019 par Maxime Nallé sous le titre « Les photographies de Noël Caillat défient le temps – Les journées du patrimoine 2019 à Saint-Vérand (Isère) ». Dans ce village, son village, on consacrait en effet une exposition à quelques-unes de ses œuvres les plus marquantes, commentées avec talent par Jacques Roux dans un fascicule qui contribua grandement à faire apprécier la puissance et la délicatesse du regard posé par le photographe sur les gens, les lieux, les situations. Par ailleurs, certains clichés de Noël Caillat ont donné tout leur sel à quelques articles du Mas, comme celui intitulé  « Sous la peau de l’image , daté du 11 avril 2021. Nous nous proposons aujourd’hui de nous intéresser à l’homme, en mettant à profit certaines des anecdotes qu’il nous a confiées il y a plus de dix ans.

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Gaby Beaume. La disparition d’un artiste qui se voulait homme. Tout simplement.

Par Jacques Roux

« Les temps sont difficiles », chantait Léo Ferré à son époque (laquelle n’était pas plus gaie que la nôtre). Deux mois à peine après la disparition de Jean-Pierre Gelly une autre grande figure de la sphère culturelle ardéchoise disparaît : Gaby Beaume. Le Mas du Barret lui avait consacré une chronique, et nous nous réjouissons aujourd’hui, plaisir amer, d’avoir témoigné de notre respect pour son travail alors qu’il était encore des nôtres (le 8 août 2021). Les quelques mots que j’ajoute aujourd’hui, marqués par la tristesse, tiennent plus de l’invite : il serait temps que soit rendu à son œuvre l’hommage qu’elle mérite. A défaut d’honorer le vivant quand il était temps on peut s’intéresser à cette part de lui-même qui ne s’effacera pas. Les dessins de Gaby Beaume, pour ne parler que d’eux, perpétueront non seulement sa mémoire, mais celle aussi de ce qui fut sa terre aimée, l’Ardèche… Sans même parler des idées et des hommes autour desquels se construisit sa vie.

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Comme un lointain écho : « Le pendu du bois du Cognet » – Deux habitants se souviennent

Par Michel Jolland

Si, le Mas du Barret l’a largement évoqué dans plusieurs articles récents, la mémoire de Münzenberg ne perd rien de sa pertinence pour un bon nombre d’historiens, de politologues ou de militants, dans le village de Montagne (Isère) où il mourut – du moins, pour être exact, où l’on découvrit un corps désséché accompagné de papiers à son nom – sa tombe demeure pour les gens du lieu le seul témoignage concret de sa personne. Plus de 80 ans ont passé depuis le mois d’Octobre 1940 où fut retrouvé celui que, dans la conversation courante, les habitants du village appelaient « le pendu du bois du Cognet » ou « l’Allemand ». Nous proposons aujourd’hui les récits de deux d’entre eux, contemporains de cet événement. Ils avaient depuis longtemps pris conscience de l’importance historique de Münzenberg au moment où leurs propos ont été recueillis mais ils se sont prêtés avec sérieux et beaucoup de gentillesse à l’exercice de la remémoration. Voici donc, rédigés en respectant au plus près les énoncés de leurs auteurs, les témoignages de messieurs Gabriel Boffelli et André Brun. A les lire, on comprend que si l’image du « pendu » s’est estompée, il persiste, comme un lointain écho, les bribes d’un récit qui fait la part belle à des détails absents des documents officiels.

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Romances de Noël : Pourquoi tant de haine ?

Par Jacques Roux

J’ai posté sur notre site, l’an dernier, sous le titre générique : « Éloge des téléfilms de Noël et des bons sentiments », une série de quatre articles (les 7, 20, 27 septembre 2021 et 5 octobre 2021) dans lesquels je défendais le droit de tout un chacun à savourer sereinement, sans avoir à douter de ses capacités intellectuelles et de son niveau culturel, des téléfilms présentés par un certain Cédric Melon dans Télé Cable Sat du 26 décembre 2020 comme de purs produits de « business » et, selon lui, « dégoulinants de bons sentiments ». Il se trouve que dans le numéro 1864 de TV Magazine du 23 octobre de cette année un article signé Nicolas Vollaire remet ça, avec une outrecuidance qui force l’admiration puisqu’il y est question de : « fiction-romantico-sentimentale dégoulinante de bons sentiments ». Braves gens dont le cœur vibre lorsque celui des héros de votre fiction se met à battre à l’unisson, vous voici donc prévenus : c’est sur vous que « ça dégouline » ! Planquez-vous ou retournez à de plus saines occupations, comme visionner un de ces polars qui squattent tous les écrans et qui ne dégoulinent, eux, que de bon sang bien frais.
Ou, mieux encore, regardez un de ces docs/fictions bien sentis dont Arte et quelques chaînes ou radios se font une spécialité ces derniers temps pour vous convaincre, entre autres, que le « genre » a « mauvais genre », et plus généralement que vous n’êtes (je suis des vôtres) que les tenants et vecteurs de « valeurs ultra-conservatrices ». Ce que déclare avec la fougue d’une jeunesse mal digérée Maureen Lepers, présentée comme « chercheuse » par 20 Minutes dans l’article : « Y a plus de saisons » du 24 octobre 2022. (https://www.20minutes.fr/television/4006934-20221024-telefilms-noel-arrivent-automne-nouveau-printemps-demain). Apparemment la « chercheuse » a trouvé sa voie et tient à ce que le commun des mortels la suive…
Comment se fait-il que ces chères pastilles sucrées si douces et si subtiles quand on ne les regarde pas comme la dame sus-citée avec l’œil de Sandrine Rousseau suscitent tant de haine ? Et de stupide mépris ?

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Willi Münzenberg 3 – Trois roses rouges

Par Michel Jolland

Dans mon article du 2 octobre, j’évoquais la plaquette « rouge et noire » déposée en 2014 par un collectif d’organisations allemandes soucieuses d’honorer la mémoire de Willi Münzenberg et de faire vivre son héritage politique. En réalité cette plaquette reproduit un bref poème intitulé « Dernière requête » écrit en 1915 par Münzenberg.  Dans ce texte, Münzenberg, qui se situe loin de tout enjeu politique, dit avoir cherché la lumière, c’est-à-dire le vrai, le juste, le beau : trois critères fondamentaux de toute vie philosophique. Il demande aussi trois roses rouge foncé pour sa tombe, non pas pour en faire les symboles d’un quelconque engagement, mais simplement parce qu’il aime ces fleurs. Sans doute a-t-il été entendu puisque trois d’entre elles couronnent la gerbe récemment déposée sur sa tombe en cours de rénovation.

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Jean-Pierre Gelly
Mort du dernier fils de Gutenberg

Par Jacques Roux

Vendredi 16 septembre, apprenant le décès de Jean-Pierre Gelly, notre ami du Mas du Barret, Michel Jolland s’est exclamé : « La Colombe noire a encore frappé » ! Il faisait alors référence à cette Colombe de malheur, annonciatrice silencieuse de la fin prochaine de celui qu’elle approche, qui donna son nom au roman publié par Jean-Pierre Gelly en 2020 (« La Colombe noire »). Une colombe qui l’avait déjà frôlé plusieurs fois de son aile mais qui, cette fois, vint se poser sur son lit d’hôpital.
A Aubenas, le Vendredi 16 septembre 2022. En début d’après-midi.
Peu avant l’heure des visites, comme si ce grand cœur au sourire narquois avait voulu éviter à ses proches un moment difficile à supporter.

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Willi Münzenberg 2 – Montagne : une tombe chargée d’histoire

Par Michel Jolland

Le 17 octobre 1940, deux chasseurs trouvent le corps d’un  homme au pied d’un chêne dans le bois du Cognet près du village de Montagne (Isère). Ils alertent les autorités. Le lendemain, deux gendarmes de la brigade de Saint-Marcellin se rendent sur place pour enquêter, les papiers trouvés sur le corps donnent l’identité du mort, le permis d’inhumer pour cause de  « pendaison par suicide » est délivré. Le 20 octobre on enterre Willi Münzenberg au cimetière de Montagne. Bien que modeste, sa tombe héberge la mémoire d’un riche parcours de vie, celle d’un pan important de l’histoire mouvementée du siècle dernier et celle, toujours mobilisatrice, d’une énigme locale. On y croise également deux personnalités liées à cet ensemble mémoriel : Babette Gross, la fidèle compagne et collaboratrice de Münzenberg et Hans Schulz, son dévoué secrétaire qui, nous le verrons, sera le titulaire officiel de la concession.

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Beaumont, Ardèche… Vous avez dit étrange ?

Par Jacques Roux

Pour vous rendre à Beaumont, dit la voix au bout du fil, il faudrait prendre la route de… Oh ! Mais non ! Ce serait un peu trop compliqué. Il serait préférable… A moins que… Tournez après le pont ! A gauche. Mais après c’est à droite. Ou alors à droite… mais après c’est à gauche. Enfin… euh !

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Willi Münzenberg -1 D’Erfurt (Thuringe, Allemagne) à Montagne (Isère, France)

Par Michel Jolland

Le 22 août de l’année dernière, sous le titre « Vers un nouveau regard sur Willi Münzenberg ? », le Mas du Barret annonçait la création d’une association à la mémoire de cet acteur majeur du communisme international de l’entre-deux guerres, opposant de la première heure au nazisme, adversaire du stalinisme dès 1937-38, initiateur d’importants mouvements de solidarité internationale et d’organisations anticoloniales et anti-impérialistes. Une personnalité qui appartient à l’histoire mondiale tout en étant indissolublement liée à celle du Dauphiné puisque les chemins du destin ont voulu qu’elle trouve la mort et soit inhumée à Montagne, près de Saint-Marcellin (Isère). Cette fin tragique dans un paisible village situé entre le plateau de Chambaran et la vallée de l’Isère est d’ailleurs d’autant plus marquante qu’elle demeure énigmatique, comme le précise un article posté sur le Mas le 14 novembre 2015 (http://www.masdubarret.com/?p=210).

L’ASSOCIATION EUROPÉENNE WILLI MÜNZENBERG a été créée en avril 2022. Sa première démarche, très concrète, a été de restaurer la tombe du cimetière de Montagne. Nous en parlerons prochainement. Cette restauration toutefois n’est pas une fin en elle-même, elle s’inscrit dans un travail plus large visant à étudier et faire connaître la vie et l’action de Willi Münzenberg et de son entourage. Plusieurs pistes se présentent. Il y a d’abord l’indispensable rappel des principaux éléments de biographie permettant de situer cette personnalité et le contexte dans lequel elle a évolué. L’exploration du lien particulier qui l’unit au village de Montagne est certes plus localiste, mais tout aussi utile. Cependant si l’on veut aller plus loin, et tenter d’y voir plus clair dans la superposition d’images construites au fil du temps par les publications et les commentaires relatifs à Münzenberg, il convient à la fois d’élargir le champ d’étude et de privilégier une approche neutre de la réalité des faits et de leur portée historique.

Voici, dans cette perspective, le premier d’une série d’articles rédigés en écho à l’interrogation de départ : « Vers un nouveau regard sur Willi Münzenberg ? ».

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