Le mas du Barret

Église de Saint-Vérand (38) – Les vitraux

1 Saint Joseph

Par Jacques Roux

Ces dernières années nous nous sommes intéressés, à juste titre, aux cinq tableaux ornant le chœur de l’église de Saint-Vérand. Mais ils ne constituent pas la seule richesse de cette petite église de village décidément hors du commun. Il faut aussi s’intéresser à ses vitraux, tous d’une rare qualité. Ainsi ce saint Joseph, au dessin d’un classicisme revu et corrigé par un œil qui a vu, et su voir, la peinture cubiste, Mondrian et, d’une façon générale, la manière géométrique qui caractérisa le style des artistes œuvrant en sculpture, peinture et architecture, dans les années 40/60

Saint Joseph a longtemps été négligé, sinon moqué, avant de devenir une des figures du panthéon catholique. Il est plus spécialement vénéré par les âmes simples : Joseph est, dans l’histoire de Jésus, le comparse humain, simplement humain. Son fils est Dieu fait homme, son épouse a été « choisie entre toutes les femmes » et, de la naissance à la mort, sa destinée est marquée du sceau du divin. Rien de tout cela pour Joseph ; c’est pourquoi les petites gens l’ont finalement reconnu comme un des leurs et ont aimé retrouver son effigie (très souvent sculptée) dans leurs églises. Sa présence à Saint-Vérand est peut-être due à d’autres raisons : quand ce vitrail fut installé le curé du lieu se prénommait Joseph. Le curé Jasserand n’a jamais caché qu’il vouait un culte attendri à son saint patron (à Marie aussi, mais c’est une autre histoire : celle de Notre-Dame des Champs, sculpture qu’il fit installer à l’aplomb de sa paroisse…). Nous avons également appris, par témoignage, que madame Yvonne Jullin, épouse du propriétaire de la laiterie du même nom, avait au moment de la souscription en 1962 généreusement contribué à l’installation de ce vitrail. Or, comme le curé Jasserand, son époux se prénommait Joseph.

Enfin, il faut souligner que ce vitrail est signé : Paul Montfollet, signature qui a du poids puisque Paul Montfollet créa son entreprise en 1943, signant des vitraux virtuoses dans de multiples églises de la région, comme à Crolles, à St-Ismier, Tullins, pour ne pas citer d’abord Notre-Dame de l’Assomption de Vassieux, reconstruite après guerre. L’atelier existe toujours, aujourd’hui sous la férule d’Anne Brugirard, maître verrier comme son lointain prédécesseur.

Ce Saint Joseph, signé Montfollet est donc un joyau de plus, un joyau fragile, dans le patrimoine saint-vérannais. A charge pour les habitants du lieu de l’apprécier à sa juste valeur et le protéger comme il le mérite.