Le mas du Barret

Archives par auteur: Mas du Barret

Paul Berret, le retour

Par Jacques Roux

Ces choses-là ne devraient pas nous étonner : les grands vivants ne meurent jamais. Il paraît qu’on a enterré Léonard de Vinci, Picasso, Ravel, Jean-Paul Belmondo : franchement, vous y croyez ? Le beau Jean-Paul ne cesse de gambader sur nos petits écrans à toute heure du jour et de la nuit, Vinci exaspère les musées et les banquiers : son portrait du Christ, sa Joconde nue sont-ils authentiques ? Si oui, merveille pour qui les possède… Ou les vend. Ravel – seigneur ! – pas un jour sans qu’une radio ne diffuse son Boléro, et je ne dis rien de sa valse, son concerto pour la main gauche, sa Tzigane…
J’ai pris ces noms-là au hasard, j’en ai des milliers dans la poche : nous vivons au milieu des morts, mes amis. Selon une formule bien connue : ils sont sortis par la porte et revenus par la fenêtre.
Non, ces choses-là ne devraient pas nous étonner et que Paul Berret, emblématique écrivain dauphinois, sis au Vernas à Saint-Vérand Isère, ait décidé soudain de collaborer au Mas du Barret, franchement, quoi de plus logique : s’il en est un parmi tous, Michel Jolland ne me contredira pas, qui ait sa place ici, c’est bien lui. Pour sa première contribution ce cher Paul – entre confrères nous nous nommons par nos prénoms – a décidé de nous dire pourquoi il aime Saint-Vérand. Place au Maître.

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Biscuit de Saint-Vérand : une personnalité complexe

Par Michel Jolland

Biscuit, l’oiseau sauvage. C’est avec ce titre plein de poésie que Jacques Roux ouvrait, il y a quelques jours, la porte du souvenir sur une personnalité de Saint-Vérand, à la fois controversée et incontournable. Il accompagnait son texte d’une photographie tirée d’une plaque de verre endommagée laissée par Noël Caillat, le « photographe du village ». C’est tout le paradoxe avec Biscuit. Tous ceux qui ont connu Saint-Vérand dans les années 1940 à 1990 l’ont côtoyé de près ou l’ont au moins croisé, tous ont, à un moment ou un autre, entendu commenter ou eux-mêmes commenté ses frasques. Mais lorsque l’on veut aujourd’hui se pencher sur son parcours de vie, force est de constater que l’on ne dispose que d’éléments fragmentaires, de témoignages contradictoires et de fort peu de photographies où il occupe la place centrale. Faut-il « battre le fer quand il est chaud » et apporter tout de suite au portrait de Biscuit quelques compléments étriqués, ou attendre d’avoir suffisamment de données pour espérer proposer un travail plus complet ? Faux dilemme en vérité : établir un état des lieux provisoire est le meilleur moyen de poser une base pour aller plus avant.

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Biscuit L’oiseau sauvage

Par Jacques Roux

Il y a quelques mois (juin/juillet 2020) nous proposions à la lecture ce qu’entre nous, Michel Jolland et moi-même, nous nommions des « images qui nous parlent ». Des lieux, des objets qui avaient accompagné notre enfance. Le Mas du Barret est fils de Saint-Vérand (Isère) et il ne renie pas sa filiation : s’il ne se sent nullement prisonnier de cette référence, il suffit de nous lire régulièrement pour s’en convaincre, il aime y revenir, comme on rentre à la maison, histoire de fureter un peu et dénicher, dieu sait, une merveille oubliée à remettre dans la lumière. Si je n’aime guère la formule du chanteur d’Antraygues « nul ne guérit de son enfance », parce qu’elle ferait, si on la prenait au pied de la lettre, de l’enfance une maladie, je crois sincèrement que nous ne cessons de nourrir nos vies, et donc chacun de nos âges, des paradis et des enfers de cette période initiale, que le temps semble avoir effacée à jamais. Parce qu’elle n’est pas effacée, elle est mise en réserve et cachée, comme tous nos organes vitaux, au plus profond de nos chairs et sans que nous puissions en prendre conscience elle nous anime et nous tient debout. Il était donc temps, en cette période de Toussaint, propice aux souvenirs, de revisiter le lointain village qui squatte notre mémoire. En s’intéressant non aux paysages, aux sites, aux vieilles choses, mais aux visages. Que nos regards saisirent dans leur vie d’alors, depuis longtemps en allée. Je pense ici, maintenant, à cet oiseau sauvage qui transita sans qu’on sache ni comment ni pourquoi, par le Saint-Vérand des années 50. Nous l’appelions Biscuit. Il s’agit bien sûr d’un personnage de légende, chacun sait que le réel n’existe pas. Dans la mémoire.

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Raymond Joffre nous a quittés

Par Michel Jolland

Alpiniste, homme de lettres et homme de cœur, Raymond Joffre nous a quittés. Au cours de son riche parcours associatif, sportif, professionnel, culturel, il aura vécu plusieurs vies en une. Gageons que le souvenir qu’il laisse, une fois passé le chagrin, poussera le plus grand nombre à s’engager résolument dans l’existence, sans exclusive et sans œillères. A sa façon : en toute simplicité.

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La vie d’artiste (6) Paul Sireau : Il a rêvé d’un autre monde

Par Jacques Roux

Originaire d’un village au nom chargé d’histoire et de poésie – Saint-Georges d’Espéranche, Isère – Paul Sireau a échappé très vite aux écrans radars qui surveillent l’éducation des jeunes garçons en milieu rural. Pour lui, même s’il n’a jamais rechigné à travailler dans une des roseraies qu’on trouve dans la région, à effectuer un stage scolaire dans un garage, à s’initier à l’art culinaire et aux délices qu’un bon charcutier traiteur sait mitonner dans le secret de son officine, l’essentiel s’est toujours trouvé ailleurs. Et cet ailleurs, pour dire les choses simplement, il était en lui. Ce fut parfois difficile pour son entourage, cela put paraître quelque peu étrange au voisinage et aux compagnons de lycée, mais Paul Sireau n’avait pas trop de temps à consacrer à la parlotte, aux élans affectifs familiaux, aux virées déjantées. Il avait son chemin à tracer, il avait son sillon à creuser, il avait sans qu’il se demande pourquoi il en était ainsi, une sorte de parcours initiatique à accomplir. Né avec l’épanouissement de l’informatique et la multiplication de ses outils, c’est avec l’ordinateur qu’il avait besoin de communiquer, c’est dans les entrailles de cet appareil prodigieux qu’il avait besoin de plonger pour trouver ce qui l’animait au plus profond. D’autres sont peintres ou cinéastes, tagueurs, graffeurs… lui, crée des images numériques. Comme un magicien il avance les mains vides et sème autour de lui des images plus somptueuses les unes que les autres. Il ne « peint » pas des paysages : il les crée. On ne sait pas s’il a, comme le dit la chanson, « rêvé d’un autre monde »… mais il a su lui donner vie.

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Les « Demoiselles du Champ d’en-haut »

Par Michel Jolland

Après l’étude passionnante et fort bien documentée proposée par Jacques Roux sur les Romances de Noël, je reviens – « sans transition » selon l’expression habituelle des journalistes de télévision – à un sujet souvent évoqué dans ces pages : mon enfance au Barret dans les années 1950. La modeste propriété de mes grands-parents dépassait à peine deux hectares, répartis sur quatre sites : il y avait « la maison », « le bois », « le champ d’en-bas » et le « champ d’en-haut ». Peut-être parce que c’était le plus éloigné de l’habitation, peut-être aussi parce qu’il affichait une topographie particulière, le « Champ d’en-haut » véhiculait à mes yeux d’enfant un parfum d’exotisme et d’aventure. Il faut dire que c’est celui que je fréquentais le moins car il se prêtait peu à l’une des mes activités régulières, fort joliment décrite par cette expression usuelle du parler rural de l’époque : « aller en champ aux chèvres ». L’atout essentiel du Champ d’en-haut était d’incarner une sorte de Pays de Cocagne où, en toute saison, on trouvait des fruits, des baies, des fleurs à cueillir. Le plus souvent, il s’agissait de ressources qui s’étaient installées là, probablement pour de bonnes raisons mais sans intervention humaine directe. Je me souviens en particulier des pommes très petites produites par des arbustes non cultivés, des pommes qu’en toute bonne foi nous appelions des « Demoiselles ». Soixante-dix ans plus tard le doute s’intalle : cette appellation était-elle bien légitime ? Ne s’agissait-il pas plutôt d’une innocente fantaisie de langage, fort heureusement sans conséquence connue à ce jour sur la vie du quartier du Barret ou sur celle de la commune de Saint-Vérand !

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Éloge des romances de Noël et des bons sentiments (Partie 4) Faire front sans faire la leçon

Par Jacques Roux

La télévision a généré une forme particulière de création cinématographique, le « film télé ». Considérée comme un sous-produit, cette catégorie semble, pour ceux (ils ne sont pas rares) qui envisagent l’art comme une architecture hiérarchisée, appartenir aux tréfonds les plus vulgaires de l’expression esthétique. Or, même dans cette sous-catégorie, il existe encore la possibilité de hiérarchiser et, si l’on se fie à l’article de TéléCableSat que j’ai analysé et critiqué (voir mes contributions des 7, 20 et 27 septembre 2021) la « romance », « dégoulinante de bons sentiments », ne se comprend que comme un objet de business, une sorte d’attrape gogos. Il me semble avoir ramené à leur juste valeur les jugements de l’auteur de l’article, Cédric Melon. Mais, avant de conclure, j’aimerais encore m’attarder sur les opportunités qu’offrent ces œuvres, aussi modestes soient-elles, de découvrir de façon subreptice, sans les chichis parfois prétentieux de reportages dont l’apparente objectivité masque mal les intentions des auteurs, certains aspects de la vie américaine. Des « petits riens », comme dit la chanson, qui donnent leur couleur à des façons d’être, de se comporter, déconcertantes pour nous. La barrière de la langue n’est pas tout quand nous sommes « à l’étranger ». L’autre, l’étranger, c’est d’abord celui qui nous semble étrange. Parce qu’il n’a pas nos a priori, ni nos tics, ni ces acquis oubliés que nous nommons des « réflexes ». Ce sera l’occasion d’effectuer une fois encore une petite promenade en terre « romance », en adressant, autant de fois que nécessaire, quelques petites tapes moqueuses à celui qui nous aura poussé à entamer cette exploration charmeuse et pour le moins inattendue.

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Éloge de la romance de Noël et des bons sentiments (partie 3)

Par Jacques Roux

Je me suis attaché (les 7 et 20 septembre, dans les deux premiers volets de cette analyse) à montrer que les critiques portées par le magazine TéléCableSat (n°1599 du 26/12/2020) à l’encontre des « romances télévisées de Noël », et des romances en général étaient ineptes. Bien entendu, il ne s’agit pas de survaloriser des productions qui, comme toutes les autres, peuvent se révéler dans le détail excellentes ou de qualité médiocre. Mais les arguments simplistes et mensongers utilisés par l’auteur de l’article m’ont paru doublement méprisants. Mépris des œuvres et donc des personnes qui ont travaillé à leur réalisation et, aussi injustement mais plus maladroitement, mépris des téléspectateurs amateurs de films qui n’ont pour défaut que de mettre en avant des sentiments positifs, l’amour, l’altruisme, un engagement généreux dans la vie sociale. Faudrait-il considérer que les bons sentiments et la joie qui peut entourer une rencontre sentimentale réussie discréditent l’espèce humaine ? La question me semble-t-il exclut une réponse négative (chez les personnes de bonne volonté, il va de soi !).
Il nous reste désormais à entrer dans ce que j’ai appelé la « mécanique » de ces romances, qui ne sont pas que « de Noël », puisqu’elles investissent toutes les saisons et la plupart des circonstances de la vie sociale ou privée. Nous verrons ensemble qu’elles associent, avec dextérité le plus souvent, les figures imposées et les figures libres, comme dans le patinage, sport régulièrement mis à l’honneur par leurs scénaristes. Autrement dit, les scènes obligées (la rencontre, la déclaration, le premier baiser, par exemple), donnent lieu à des variations infinies, comme la Commedia dell’arte » en laissa autrefois le modèle, repris ensuite par tant de créateurs, notre Molière n’étant pas le moindre. Il n’y a pas à mépriser les auteurs, les metteurs en scène et les comédiens de ces téléfilms. Ils travaillent dans le registre du « divertissement populaire » certes, mais le talent se manifeste partout. Et il a d’autant plus de mérite à s’exprimer qu’il n’est généralement pas, dans ce contexte, reconnu à sa juste valeur. Il court il court le furet chantait la comptine. Il court il court, le talent. Comme le couple de « Noël en cavale » qu’une certaine « agence de renseignements » poursuit par erreur, jusqu’au pied du sapin, à travers tous les Etats-Unis. Pour notre plus grand plaisir.

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Éloge des romances de Noël et des bons sentiments (Partie 2)

Par Jacques Roux

La romance de Noël, type de téléfilms produits essentiellement aux US et au Canada, serait-elle un simple produit de marketing, une occasion de faire, à moindre frais, du « business » sur le dos de téléspectateurs pas trop exigeants, ni certainement très futés ? C’est en tout cas la thèse défendue dans un article de TeléCableSat (n°1599 du 26/12/2020) par un certain Cédric Melon. Nous avons dans notre précédente contribution observé que le « business » est partout à la télévision (et pas seulement à la télévision d’ailleurs, nous conseillons à nos lecteurs de s’intéresser aux épisodes médiatiques qui entoureront bientôt l’attribution du prix Goncourt !) et que les critiques de M. Melon visant des tournages à l’économie, avec entre autres l’emploi d’acteurs « inconnus » ou « en bout de course », sinon « has been », étaient pures stupidités. Le casting n’était pas seul à être visé dans cet article : d’une façon globale, pour M. Melon, la qualité de ces téléfilms est « discutable ». Puisque cet article, qui se contentait de jugements négatifs péremptoires, n’a pas ouvert la « discussion » qui paraissait promise, nous nous proposons de le faire à sa place. Parce qu’il y a beaucoup à dire sur ces téléfilms de « divertissement », dont les subtilités ont peut-être échappé à notre éminent critique.

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L’église de Quincivet ferait-elle perdre le nord ?

Par Michel Jolland

Nous avons récemment fait état des prospections électromagnétiques entreprises à Quincivet, ancienne seigneurie et paroisse aujourd’hui devenue un simple hameau, mais hameau au passé combien prestigieux, situé au nord-ouest de la commune de Saint-Vérand (Isère). Il s’agit, rappelons-le, de retrouver les traces de l’église du lieu, attestée dès 1204, signalée pour la dernière fois dans un acte officiel de 1802, disparue depuis sans laisser sur le terrain aucun signe visible. L’analyse des données enregistrées en janvier 2021 n’a pas encore livré tous ses secrets. Lionel Darras, ingénieur CNRS en instrumentation géophysique (UMR51-Archéorient Lyon), finalisera bientôt le rapport des recherches. Il peut être intéressant en attendant de lister les quelques indications fournies par l’analyse des documents d’archives. Des indications qui, prises au pied de la lettre, ont de quoi … désorienter !

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