Le mas du Barret

Variations autour d’un modèle connu (2)

La sainte Famille de Raphaël : le petit Jésus était tout nu

La Grande sainte Famille, dite de François 1er est une des toiles de Raphaël parmi les plus connues en France. Sans doute parce qu’elle est dans les collections nationales depuis 1518, sa date de réalisation, puisqu’elle fut offerte cette année-là à François 1er par le pape Léon X. Elle est désormais au Louvre. Au XIXe siècle elle a été l’une des toiles de ce musée les plus souvent copiées. La copie saint-vérannaise date de cette période, elle est datée de 1857 comme l’autre copie de Raphaël (La Madone Sixtine) présente dans l’église du village. On aimerait penser qu’elle soit du même copiste, Zaleski, mais il est possible qu’elle ait été réalisée par l’épouse de celui-ci, elle aussi peintre. Quoi qu’il en soit, le détail qui nous intéresse dans la toile saint-vérannaise n’a rien à voir avec l’histoire de la peinture, mais plutôt avec celle des mœurs et plus spécifiquement de la pudeur. Raphaël avait peint son petit Jésus tout nu.

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Illustrations : Détail de la peinture de Raphaël et détail de la gravure connue de Gérard Edelink, datant de 1677, valant confirmation. La gravure est inversée à cause du tirage.

Petit Jésus ou pas (on sait qu’au Vatican, à une certaine époque on ne plaisantait pas non plus avec les nudités de Michel-Ange) certaines des copies de la Sainte-Famille ont habillé sa nudité. C’est le cas à Saint-Vérand. On peut trouver cela ridicule mais c’est ainsi, et le retour des vertus dites morales laisse redouter pour notre futur immédiat de semblables inepties. La tonalité d’ensemble du tableau n’en est pas affectée, c’est l’essentiel.

Détail de la copie saint-vérannaise

Jacques Roux